Le temple Bulguksa en Corée du Sud

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Le temple Bulguksa, situé à Gyeongju, au pied ouest du mont Tohamsan, est sans nul doute le temple bouddhiste le plus célèbre de Corée du Sud, tant au niveau national qu’international. Construit pour la première fois en 528 après J.-C. pendant le règne du roi Beopheung, ce temple revêt une importance capitale dans l’histoire du bouddhisme en Corée. Le roi Beopheung a fait ériger ce temple pour assouvir les désirs de sa mère, la reine Yeongje, et de son épouse, la reine Kim. À l’origine, il portait les noms de Beopryusa ou Hwaeom Bulguksa. Ce n’est que bien plus tard que le temple reçut son appellation actuelle, Bulguksa, signifiant « Temple du Royaume de Bouddha ».

La reconstruction majeure du Bulguksa que l’on connaît aujourd’hui débuta en 742, sous la supervision et le financement de Kim Daeseong, alors Premier ministre. Malheureusement, Kim Daeseong mourut avant de voir l’achèvement du projet en 774, qui fut finalement terminé durant le règne du roi Hyegong.

Destruction et restauration

Bulguksa a traversé de multiples vagues de destruction et de reconstruction au cours de son histoire. La première grande destruction eut lieu à la fin du XIIIe siècle, suite aux invasions mongoles. Le temple fut reconstruit sous la dynastie Goryeo et plus tard, sous la dynastie Joseon, mais fut de nouveau détruit pendant la guerre Imjin (1592-1598) par les envahisseurs japonais. Les structures en bois, y compris les pavillons et les sanctuaires, furent réduites en cendres.

En 1604, une nouvelle phase de reconstruction et d’expansion fut entreprise. De 1700 à 1805, plus de 40 rénovations furent effectuées, avant que le temple ne tombe en ruine, pillé par les voleurs. Sous l’occupation japonaise, Bulguksa fut partiellement restauré entre 1918 et 1925, avec des travaux supplémentaires effectués en 1934-1935. Après la Libération de la Corée, une vaste rénovation eut lieu de 1963 à 1973 sous la présidence de Park Chung-hee. Au total, 24 bâtiments furent restaurés et reconstruits.

Malheureusement, entre le XIXe siècle et la guerre de Corée, beaucoup de trésors et éléments architecturaux originaux furent perdus ou emportés au Japon. Toutefois, certaines pièces, comme la pagode en pierre contenant les sarira (reliques), furent restituées au début du XXe siècle.

Bulguksa aujourd’hui

Le temple Bulguksa est un site incontournable pour tout visiteur s’intéressant à l’histoire et à la culture de la Corée. Depuis 1995, il est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, conjointement avec l’ermitage voisin de Seokguram. Le site abrite sept Trésors Nationaux et six autres biens culturels importants de Corée. Il est également classé comme site historique et panoramique n°1 par le gouvernement sud-coréen. Bulguksa est considéré comme un chef-d’œuvre de l’âge d’or de l’art bouddhique sous le royaume de Silla, la période où de nombreuses autres structures bouddhistes furent bâties à travers la Corée.

Une structure symbolique

Le temple Bulguksa est conçu pour représenter une mandala bouddhiste intégrant divers mondes habités par les Bouddhas et les Bodhisattvas. Sa conception architecturale symétrique et minutieuse symbolise le paradis bouddhiste. Les zones principales du temple comprennent le hall de Daeung-jeon (Hall de la Grande Éveil), le hall de Geukrak-jeon (Hall du Paradis Suprême), et le hall de Biro-jeon (Hall de Vairocana). Chaque hall est construit sur une terrasse en pierre surélevée, projetant une vision céleste entourée de nature.

Les ponts et les pagodes

L’entrée principale du site, connue sous le nom de porte Iljumun, est suivie par le Cheonwangmun, qui abrite des statues impressionnantes des Quatre Rois Célestes. Cette entrée symbolique est marquée par la présence de deux paires de ponts : le Cheongun-gyo (Pont de Nuage Bleu) et le Baegun-gyo (Pont de Nuage Blanc), tous deux classés comme Trésor National n°23, et le Yeonhwa-gyo (Pont de la Fleur de Lotus) et le Chilbo-gyo (Pont des Sept Trésors), classés comme Trésor National n°22. Ces ponts ajoutent une imagerie symbolique forte à l’entrée, évoquant la transition du monde des humains vers celui des Bouddhas.

Devant le Daeung-jeon, les deux célèbres pagodes de pierre, Dabo-tap et Seokga-tap (Trésors Nationaux n°20 et n°21 respectivement), sont une représentation impressionnante de l’architecture bouddhique coréenne. Dabo-tap, ou « La Pagode des Merveilles », est richement ornée et complexe, tandis que Seokga-tap est plus sobre et représente les Trois Trésors du Bouddhisme : le Bouddha, le Dharma et le Sangha. Outre leur rôle spirituel, Dabo-tap et Seokga-tap démontrent les compétences architecturales et artistiques de l’époque.

En 1966, des fouilles autour de Seokga-tap révélèrent un reliquaire contenant la plus ancienne impression sur bois connue au monde, une copie du Dharani Sutra. Cette découverte montre l’importance archéologique et historique du temple.

Halls précieux

À l’intérieur du Daeung-jeon Hall, reconstruit en 1659 puis encore au cours des siècles suivants, se trouve une triade bouddhiste représentant le Bouddha Shakyamuni. Derrière ce hall se trouve le Museol-jeon (Hall des Non-Paroles), symbolisant que les enseignements bouddhistes transcendent souvent les mots. Au sommet du complexe réside le Gwaneum-jeon, dédié à Gwanseeum-bosal (le Bodhisattva de la Compassion), offrant une vue panoramique sur les terres inférieures du temple.

Sous le Gwaneum-jeon, le hall de Biro-jeon (Vairocana) abrite une statue de Birojana-bul, datant du IXe siècle (Trésor National n°26). À proximité se trouve le Sari-tap, le stupa contenant des reliques, également un Trésor National (n°61). Ces structures démontrent la richesse artistique et la diversité spirituelle de Bulguksa.

Enfin, le Geukrak-jeon (Hall de la Suprême Béatitude) abrite une statue en bronze doré de Amita-bul (Bouddha de la Terre Pure de l’Ouest), datant de la fin du VIIIe siècle (Trésor National n°27). Ce hall, symbolisant le paradis occidental, est accessible par des ponts et des escaliers majestueux, chacun riche en symbolisme.

Les histoires et le mythe

Selon le Samguk Yusa, ou ‘Mémoires des Trois Royaumes’, le temple Bulguksa est également associé à une histoire mythique émotive impliquant Kim Daeseong. Un jeune enfant nommé Kim Daeseong persuade sa mère de faire une donation précieuse au temple voisin, dans l’espoir de recevoir une grande récompense spirituelle. Après sa mort prématurée, il est miraculeusement réincarné dans une famille noble, consacrant ensuite sa vie à la construction de Seokguram pour honorer ses parents de sa vie passée et le temple Bulguksa pour ses parents de la vie présente.

À travers les siècles, le temple Bulguksa a su conserver son essence, résistant aux guerres et aux conquêtes pour renaître de ses cendres. Aujourd’hui, il ne représente pas seulement le patrimoine bouddhiste coréen, mais offre également aux visiteurs une immersion dans une histoire riche en spiritualité et en art. Bulguksa est une véritable perle de la culture coréenne, attirant des touristes, des pèlerins et des passionnés d’histoire vers un lieu où le temps semble se suspendre dans une célébration harmonieuse du sacré et du profane.

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